Dictionnaire de la peinture par les peintres by Pascal BONAFOUX

Dictionnaire de la peinture par les peintres by Pascal BONAFOUX

Auteur:Pascal BONAFOUX
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2012-01-31T05:00:00+00:00


Motif

La nature, et la nature seule, fournit au peintre un motif. « Peindre sur le motif », c’est peindre en plein air. A la fin du mois d’avril 1865, Monet écrit à Bazille : « Venez donc vite me rejoindre, la forêt est délicieuse, il y a longtemps qu’il aurait fallu y être. » Si la forêt dont il s’agit est celle de Fontainebleau, c’est de Chailly-en-Bière que Monet écrit, à la lisière sud de cette forêt. Renoir est alors à quelques kilomètres de là, chez son ami le peintre Jules Le Cœur qui vient de faire l’acquisition d’une maison à Marlotte. Ce village est, à la lisière de la même forêt de Fontainebleau, au sud. Et on y vérifie, comme à Chailly, que, s’il a été fort difficile si ce n’est impossible pendant des siècles de peindre dans la nature même, depuis quelques années, le tube de peinture le permet. Mais pas n’importe où. En l’occurrence pas à Barbizon qui est au nord de la même forêt de Fontainebleau. Car s’installer à Chailly-en-Bière ou à Marlotte, c’est pouvoir ne pas se cogner « dans des Millet à chaque coin de rue ». Depuis qu’en raison du choléra qui a infecté Paris en 1849, les Daubigny, Jacque, Dupré, Millet se sont réfugiés, et pour certains installés, dans ce village où Théodore Rousseau et Camille Corot sont aussi venus peindre, tous les motifs ont comme été marqués par leurs peintures. Impossible de planter son chevalet au même endroit. Et si on le fait, autant le faire en toute connaissance de cause. En février 1883, Monet, qui vient d’arriver à Etretat où il s’est installé à l’hôtel Blanquet, aux Rendez-vous des artistes, écrit à celle qu’il nomme encore Madame Hoschedé et qui sera bientôt sa deuxième épouse : « Je compte faire une grande toile de la falaise d’Etretat, bien que ce soit terriblement audacieux de ma part de faire cela après Courbet qui l’a faite admirablement, mais je tâcherai de la faire autrement. » Si l’on n’a pas cette audace, si on ne s’en sent pas la force, autant aller voir ailleurs… C’est la décision prudente que prend Pissarro. Le 21 mars 1892, il écrit à son fils Georges : « J’avais pensé un moment aller passer quelques jours à Rouen, mais Monet y étant, je craindrais de tomber sur ses motifs… » Si, enfin, l’on n’a pas su faire preuve d’une telle prudence, il reste à s’en mordre les doigts. Ce que fait Nicolas de Staël. Dans le Midi, de Bormes, il écrit à l’un de ses amis le 7 juin 1952 : « Bon, le travail par priorité, ça va à peu près malgré les deux ogres de ce pays merveilleux, Cézanne et Bonnard, dans les pattes à chaque virage ; rien à faire, ils en ont mangé et pour plusieurs générations avec des appétits de dieux grecs. » Moralité : des « restes » ne font pas un motif.

voir Nature, Sujet



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